Saturday, February 5, 2011

ah la différence!

Bon, je pense que je suis définitivement arrivée en Afrique. Je pense que j’ai arrêté de résister, je suis maintenant ici comme je serais ailleurs. Ça fait du bien! Mais oh que la vie est différente!!!
Mercredi, c’était ma journée à moi de moi. Je me suis inscrite à un endroit qui s’appelle le Club Muras, où il y a piscine, tennis, badminton, squash, et bar. Donc mercredi matin, j’avais un cours de tennis à 9h (ihhhh je suis pas en forme, mais c’est tellement l’fun!), puis j’ai lu sur le bord de la piscine jusqu’à midi. Je suis allée manger une pizza dans un resto libanais (j’avais un craving de pizza depuis 2 jours), la pizza était moyenne, avec pâte pas assez cuite qui goûte la poudre à pâte, et pas d’ambiance dans le resto – il faut dire qu’on peut avoir un riz sauce pour 300 francs (60 sous), alors payer 4000 francs (8 dollars) pour une pizza, c’est pas tout le monde qui le fait! Mais moi ça m’a fait du bien au moral. Ensuite, je suis revenue au club muras par le marché central. Bon, si dans n’importe quelle rue je me fais crier « touBAbou touBAbou touBAbou » (la blanche) par les enfants, et « hey la blanche » par les ados (ce que je dois dire me dérange un brin), au marché, si je n’ai pas l’air absolument affairée et de savoir où je m’en vais, c’est terminé, je me fais arrêter de tout côté pour me faire vendre des affaires. Moi qui adore me promener dans les magasins, c’est une torture de ne pas m’arrêter pour regarder, mais comme c’est de ma survie mentale qui est en jeu, je passe mon chemin en regardant à la dérobée. J’ai continué à me prélasser sur le bord de la piscine jusqu’à 4h, puis je suis rentrée à la maison.
Jeudi matin, j’ai travaillé avec Eve… il y avait foule, on a clanché dans les dossiers, c’était super! Plein de travail efficacement abattu! Youppi! Et l’après-midi, il y avait le groupe d’échange des enfants infectés. Au début, l’animateur traduisait tout. J’ai demandé à ma voisine s’il le faisait juste pour moi ou s’il y avait des enfants qui étaient plus à l’aise en français. Non, c’était pour moi, alors j’ai fait signe à l’animateur de continuer juste en dioula. J’avais vraiment l’impression que ça tuait l’ambiance de tout traduire, et de toute façon, moi, je sais ce que sont les CD4 et comment les microbes et virus s’attaquent à eux. Alors j’ai passé une heure à écouter sans rien comprendre, mais j’étais tellement heureuse d’être là, avec les enfants qui lèvent leur main pour répondre à une question, des fois en disant volontairement des conneries qui font rire tout le monde. C’était vraiment génial.
Quand je suis rentrée, on a mangé devant « Slumdog millionnaire » avec Eve, Abou et Moussa. Moi je serais bien allée me coucher, mais Eve voulait aller prendre une bière… embarque dans le char, qui a du mal à partir. Hum, j’aime pas ça. Mais on avance quand même, à peine. C’est probablement qu’on manque d’essence, que Eve dit. QUOI? Moi je débarque ici, j’ai pas envie de marcher plus que ça pour rentrer. Mais Abou donne du gaz, le moteur arrête, mais il ne freine pas sur les bosses pour qu’on se rende le plus loin possible. C’est qu’il y a une station essence où on peut aller chercher quelques litres pas trop loin. Moussa prend un bidon, Abou et Eve sortent de la voiture. Et moi je reste dedans. Abou vient à ma fenêtre et dit « tu es découragée? » METS-EN! Ça existe même pas des pannes d’essence! Comment peux-tu faire une panne d’essence? Eve m’explique que ça arrive souvent, on met juste 1500-2000 francs (3-4$) à la fois vu qu’on a rarement plus. Bon, ok. Abou me dit avec un sourire en coin « c’est l’Afrique ».  Quand Moussa est arrivé avec le bidon, on a mis l’essence, mais là la batterie était à terre. WHAT? Alors on a tous poussé, et le moteur est reparti.
Vendredi, il y avait peu de travail à la clinique alors j’ai appelé Abou pour qu’il me ramène à la maison. Mais comme j’étais pas pressée, j’ai décidé de faire le taxi avec lui. J’adore ça. Même si j’ai encore parfois l’impression que les rues changent de place. Je ne me retrouve pas du tout dans Bobo, quelques endroits au centre-ville et comment arriver chez moi… et encore, pas toujours. On roulait, tranquille, quand quelque chose lâche et si Abou avait pu sacrer, il l’aurait sans doute fait. L’auto avait passé la semaine au garage (transmission brisée, courroie de chépaquoi coupée…) ça lui avait coûté une fortune, et là autre chose lâchait. Mais tout est usagé ici, les courroies, les transmissions, les pneus (on m’a dit que les crevaisons étaient monnaie courante…), c'est donc plus probable que les trucs lâchent à rien. Donc on s’est rendu de peine et de misère au garage, et là il me dit que ce sera pas long, le garagiste va faire ça tout de suite (terme très relatif), lui doit seulement aller chercher une courroie tout près. J’attends, j’attends, quelques enfants viennent me voir, puis plus, puis plus. Je suis entourée d’une dizaine de petites filles qui me parlent en dioula. Pas grave. On s’assoit à l’ombre, certaines me jouent dans les cheveux, d’autres prennent mes mains, avec d’autres on joue aux chatouilles. Je m’amuse ferme! Une femme puis une autre approchent et me parlent sans que je comprenne. Je crie à Abou d’approcher, je ne voudrais surtout pas faire quelque chose d’inconvenant, mais non, elles craignent seulement que les enfants me dérangent. J’ai dû rester là une heure avec les enfants. C’était vraiment bien.
Oui, j’aimerais ça travailler avec les enfants. Mais je ne sais pas encore de quoi sera fait mon séjour, si chaque semaine sera différente comme c’est le cas présentement, ou si j’aurai une routine quelconque. On verra. Pour l’instant, ça va.
Anecdote... Hier soir, on est sorti souper au resto et Eve et moi parlions du Québec, comment les gens sont stressés comparativement à ici. Et Abou dit "stressé? ça veut dire quoi?"

1 comment:

  1. Bonjour Amélie
    je ne suis pas techno.plus qu'il n'en faut. Je viens de comprendre comment je pouvais t'écrire.
    Je vois par ton récit # 8 que ça commence à aller mieux pour toi.Çe n,est pas rien cette aventure, tu l'a tellement souhaitée.J'aime lire tes péripéties et je tente de m'imaginer tout ce que tu vis.

    Continue,lâche pas et à la prochaine lecture.

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